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Paru en France en 2005

Meddik, roman SF que l’on pourrait qualifier de profondément noir, nous place dans la tête d’un tortionnaire. Noir n’est peut-être pas le terme qui convient, d’ailleurs. L’ouvrage verse plutôt dans un sadisme nonchalant, qui n’en est que plus terrible.

Dans un futur indéterminé, où les hommes vivent sur Terre autant que sur Mars, nous suivons la vie de John Stolker, riche enfant de la caste dominante des Justes. D’une université flottante aux immeubles de son implacable père, il rejette déjà ce monde où drogues - à travers des cigarettes à l’héroïne - et sexe ne lui suffisent plus.

Thierry Di Rollo nous donnes accès aux pensées de son personnage, qui ne sont que mépris pour une Terre devenue folle. Au point que John Stolker glissera dans le monde d’en bas, celui des quartiers pauvres en guerre, dans un éternel conflit entre deux castes de croyants et les guerrilleros athées, tandis que des vautours mutants piochent les humains en fondant depuis les cieux. John se fait guerrillero, et massacre ennemis autant que collaborateurs et proches, donnant la mort et torturant par plaisir chaque fois que le lecteur croit que, cette fois, il épargnera.

Meddik est un enchaînement de situations sordides, hallucinées, à travers les yeux d’un tueur sans cesse sous l’emprise de la drogue, qui a la vision, à l’horizon, d’un éléphant géant, le fameux Meddik. Un mysticisme sombre teinte l’ouvrage, à travers ces hallucinations, et ce qui semble être un destin. D’autres thèmes, toujours traités sous l’angle du noir, viennent ajouter à l’ambiance oppressante. Ce père dont on se venge en devenant plus monstrueux encore, la paternité elle même, mise en échec, la foi contre le nihilisme, l’impunité.

L’écriture est prenante, parfaitement scandée. Chaque meurtre saisit aux tripes, car Thierry Di Rollo réussit à donner à toutes les victimes une épaisseur, une raison de vivre. Ce ne sont pas juste des morts, ce sont des personnes que tue John Stolker. Par moments, la cruauté gratuite de son personnage est à la limite de devenir celle de l’auteur, et c’est sans doute ce que l’on pourrait reprocher au roman.

Meddik est un ouvrage qui dérange, qui donne vie aux pensées les plus noires de celui qui n’a plus de frein à ses pulsions. Contre un futur impitoyable, Thierry Di Rollo oppose un personnage pire encore, que l’on ne peut s’empêcher de suivre, enchaîné à sa folie.

2 commentaires :

  1. lutin82 says:

    C'est sûr que Meddik est particulier. J'ai bien aimé la plume, j'ai eu plus de mal avec la noirceur du roman.