Nouvelle traduction en 2021

Au carrefour des étoiles est une œuvre de Clifford D. Simak, parue en 1963 soit plus de dix ans après son ouvrage le plus connu, Demain les chiens. Elle bénéficie désormais d’une nouvelle traduction par le talentueux Pierre-Paul Durastanti, et d'une illustration de couverture sublime.

Il est des livres qu’on aurait aimé avoir découvert plus jeune, avant d’avoir connu la production plus récente en science-fiction, qui a tant approfondi les thèmes qu’elle en a sacrifié le plaisir des premières approches. Au carrefour des étoiles a cette saveur de l’âge d’or du genre, un côté incroyablement précurseur sur les concepts avancés, suranné dans le traitement, mais surtout porteur d'une forme d’innocence et de simplicité altruiste qui semblent aujourd’hui perdues.

Nous suivons Enoch Wallace, humain rendu quasi immortel et dont le rôle est de garder une ferme dans la campagne américaine. Ferme qui cache en réalité un relais pour extraterrestres en transit qui se téléportent d’un bout à l’autre de la galaxie. Pour ce faire, ils sont détruits d’un côté pour être reconstitués dans des cuves de l’autre, selon un processus rappelant l'intrication quantique. Une idée qui sera traitée par bien de futurs ouvrages de SF, tout comme une poignée d’autres semées au fil du récit, tellement en avance sur leur temps. La question des amis virtuels, générés par Enoch grâce à un artefact alien pour se sentir moins seul, sera ainsi évoquée.

Marginal solitaire pour le reste du monde, Enoch collectionne en secret les rencontres avec de bienveillants voyageurs avec qui il échange cadeaux et repas. Mais il finit par attirer les soupçons et doit gérer à la fois les intrusions du monde extérieur et des conflits protocolaires entre extraterrestres qui pourraient bien dégénérer.

On pardonnera quelques clichés, comme la jeune voisine sourde-muette à sauver, si innocente et pure qu’elle en est magique, ou un côté mystique autour d’une énergie universelle. On se délectera à la place de cette manière de relater les rencontres et surtout cette façon qu’a l’auteur de nous plonger dans la moindre pensée d’Enoch, triviale ou non, son quotidien, ses tourments.

Parcourir l’ouvrage, c’est être nostalgique d’une époque, quand bien même on ne l’a pas connue, où le futur se rêvait davantage qu’il ne se craignait. Pas besoin de théâtres d’opérations démesurés ou de surenchère pour donner du sense of wonder. Il suffit d’un homme confronté à ce qui est autre, et d’une belle manière de raconter.

2 commentaires :

  1. lutin82 says:

    La traduction rend-elle l'ensemble différent en terme d'ambiance, et de ressenti, car je l'ai déjà lu alors, je ne suis guère tentée si la plus-value n'est pas sensible.

  2. Phil says:

    N'ayant pas lu l'ancienne traduction, je n'en ai pas la moindre idée. Cela dit je suis content d'avoir cette version rien que pour la superbe couverture !