Grand prix de l'Imaginaire 2006, La Horde du Contrevent de Alain Damasio fait partie de ces ouvrages de science-fiction français les plus acclamés par la critique. Peut-être parce qu'il nous présente à la fois un style et un univers qui ne sont pas inspiré d'ailleurs, des succès anglo-saxons notamment.

Le plus important, dans la Horde du Contrevent, ce pourrait-être le marque-page (dont on voit un côté sur l'image ci-dessous) Car sur le marque-page une série de signes typographiques viennent correspondre aux prénoms des 23 narrateurs, indispensables pour s'y retrouver au début.

En effet, La Horde du Contrevent c'est le pari fou d'un récit à 23 voix, toutes annoncées par un simple symbole, toutes racontant à la première personne. Mais surtout chaque point de vue est rédigé avec un langage propre, et c'est peut-être là que réside le tour de force. Ce n'est pas Alain Damasio qui parle, c'est Golgoth, le traceur qui mène la horde, c'est Caracole le troubadour, Erg Machaon le combattant-protecteur ou Oroshi Melicerte l'aéromaître...


Dans un monde balayé par un vent si fort qu'une tempête de sable s'avère mortelle sans protection, que tout est littéralement poncé par les particules, et que les quelques maisons doivent être enterrées, des Hordes de marcheurs, dont les membres ont tous leur spécialité, partent des falaises de l'Extrême-Aval et tentent de remonter contre le vent pour en trouver l'origine, sans jamais savoir jusqu'où la précédente Horde est parvenue.

Nous suivons donc l'épopée de la 36e Horde du Contrevent. Une marche violente, insensée, dans un désert où le vent porte des dizaines de noms, où l'on croise des chars à voile et des créatures impossibles, où l'on devine la fin et pourtant elle nous surprend quand même, où la poésie frappe chaque page. On pensera notamment à ce concours d'éloquence dans une ville où s'arrête la Horde, avec un passage entièrement rédigé en palindrome.

Quand on lit la Horde du Contrevent, on finit par sentir nous aussi les rafales, ce vent omniprésent qui balaye le récit. Quel auteur est aujourd'hui capable de rendre attachants vingt-trois narrateurs aux personnalités toutes différentes ? Avec un style cherchant l'originalité, la force des tournures sans pour autant verser dans le prétentieux, Damasio ne raconte pas une histoire. Il fait vivre une expérience.



1 commentaire.

  1. Vraiment génial ce bouquin !