Paru en France en 2005

Le dernier homme, de l'auteure canadienne Margaret Atwood, diverge des dystopies qu'on a coutume de lire en science-fiction.

Imaginez que l'apocalypse qui mène à l'extinction de l'homme ne soit pas vue comme une catastrophe de masse mais comme le produit des actes de deux étudiants, voire d'un triangle amoureux, sur un fond de société malfaisante et en perte de repères.
Margaret Artwood alterne deux récits. Celui de Snowman, dernier véritable humain, ayant survécu à l'apocalypse. Il s’efforce de se nourrir dans un monde dévasté où ses seuls compagnons, hors des animaux hostiles comme les "louchiens", sont des pseudo humains qu'il appelle « Crakers », et qui ne semblent pas vraiment doués d’émotions, se contentant d’errer et de vivre.

Mais l’essentiel de l’histoire réside dans le second récit. Celui qui explique comment Snowman en est arrivé là.
A travers des flashs-back, nous découvrons alors un futur proche où la génétique et la technologie ont fait un bond en avant, de même que l’injustice, le racisme, ou le sexe et la violence tarifés. Intégrer une université puis un « Compound » est prépondérant pour éviter la masse de miséreux hors des enclaves de privilégiés. Nous suivons l’enfance de Jimmy – le futur Snowman – et de son ami Crake. Si Jimmy se dirigera vers des études plus littéraires, Crake, surdoué, s’orientera vers la science.

Le lecteur suit le parcours de deux jeunes hommes que tout oppose et lie à la fois. Leurs joutes verbales. Ces vidéos interdites qu’ils suivent en secret, dont des scènes pédo-pornographiques où joue une petite fille d’Inde ou d’ex Indochine, Oryx.
Oryx obsédera Crake au point qu’il ira plus tard l’enlever à son sort et qu’elle deviendra sa compagne. Crake est également obsédé par une possible guérison des maux de l’humanité.

On devine peu à peu que les expériences biologiques de Crake sont à l’origine de l’apocalypse et que les humains débilisés qui survivent sont les créatures de Crake et Oryx.
D’ailleurs, le titre original de l’ouvrage, Oryx and Crake, est bien plus révélateur que le titre français.

Sous couvert d’ouvrage post-apocalyptique, ou encore derrière la description d’émois adolescents, Margaret Atwood nous livre surtout une vision amère d’une société malade de sa science, de sa toute-puissance technologique. Avec un rythme lent, parfois trop, avec des scènes violentes et crues et sa voix désabusée, Le dernier homme n’est pas un livre sombre mais un livre triste. Il évite l’écueil du roman de survie pour poser des questions qui dérangent. Qui hantent.




5 commentaires :

  1. Gromovar says:

    Toujours tentant Atwood.

  2. Brize says:

    Celui-ci, c'est un post-apocalyptique qui m'avait beaucoup plu (ce n'est pas toujours le cas !).
    La suite est parue (en français) l'année dernière : "Le temps du déluge". Je ne m'y suis pas risquée pour le moment car je craignais de n'avoir pas un assez bon souvenir du précédent (je l'avais lu à sa sortie), mais ton article me rafraîchit bien la mémoire :) .

  3. Phil says:

    Merci pour vos commentaires. Brize, j'ignorais qu'il y avait une suite ! In the PAL tout de suite.

  4. martin says:

    le résumé et les commentaires qui suivent me donnent envie de découvrir ce livre