Paru en France en 1991
Les Cantos d’Hypérion est un
cycle formé de deux parties, elles-mêmes recoupées dans la version poche :
Hypérion et La Chute d’Hypérion. Un deuxième cycle fait suite, Endymion, décrié
par certains pour ses longueurs, mais tout autant appréciable.
Je ne me hasarderai pas à
détailler le long scénario d’Hypérion, qui se dévoile page après page, clef
après clefs. La structure se base sur une intrigue à tiroirs, avec des récits
apparemment sans rapport les uns avec les autres mais qui finissent par se
rejoindre lors de révélations à couper le souffle.
L’histoire démarre avec la
rencontre de sept pèlerins, réunis par l’Hégémonie, un empire interstellaire,
et qui vont chacun raconter leur histoire. Le premier volume d’Hypérion sera
donc formé d’une série de superbes nouvelles qui ont la particularité d’évoquer
chacune différents concepts de science-fiction, souvent en rapport avec le
temps. Il y a ce prêtre du Nouveau Vatican qui se retrouve avec cette croix
organique sertie dans la poitrine, comme un parasite. La religion pointe
souvent son nez au fil du cycle. Il y a ce couple déchiré : un soldat affecté
dans un vaisseau, qui, mission après mission, retourne sur la planète de sa
dulcinée pour la voir vieillir plus vite que lui en raison du décalage temporel
induit par ses voyages. Il finit par se retrouver plus jeune que ses propres
enfants. Le texte est juste superbe, triste sans jamais tomber dans le pathos.
Il y a cette jeune fille qui rajeunit sans raison, jour après jour, se laissant
des notes pour se souvenir de ce qu’elle perd petit à petit. Ou encore ce poète
maudit à qui l’on arrache ce qu’il a de plus précieux, sa capacité à former des
mots, et qui se retrouve dans un camp de travail en n’ayant plus que quelques
insultes dans son vocabulaire.
Chaque récit a son style propre
et sa charge émotionnelle. Et tous ont des points communs, comme la rencontre
avec un monstre, une bête immonde, implacable, le Gritche. Cet humanoïde géant,
meurtrier empalant ses victimes, invincible, qui semble constitué de pointes et
de lames est l’une des clefs du cycle. Nous suivons ensuite les sept pèlerins,
tous marqués par leur passé, dans leur quête pour saisir ce qui les a réuni, ce
qu’est le Gritche, quels complots se trament dans un large univers.
Univers qui est justement
soigné, chargé de sens of wonder à ne plus savoir qu’en faire. Races aliens,
intelligences artificielles, humains ayant muté pour vivre en apesanteur,
réseaux de communication plus rapides que la lumière, androïdes, batailles
spatiales... Tout est fait pour émerveiller mais rien n’est gratuit. Chaque
élément pèse dans l’intrigue.
Les Cantos d’Hypérion forment
pour moi le space opéra ultime, celui qu’on aimerait relire ou avoir écrit. Il
réunit tous les éléments SF tout en étant teinté de mysticisme, de poésie,
voire de philosophie. Souvent copié, jamais égalé.
Sa suite, Les Voyages
d’Endymion, est davantage centrée sur deux personnages, Raul Endymion et Enée,
la « messie » dont il tombe amoureux, qui voyagent sur une rivière
coulant à travers les mondes et qui seront eux aussi déchirés par les décalages
temporels. Ce deuxième cycle traîne un peu, peut-être pour égaler le premier en
longueur, ce qui a entraîné les foudres de quelques critiques, mais il s’avère à
mon sens indispensable à l’ensemble Hypérion.
Categories:
- Avant 2010,
Science-Fiction,
Space opéra
Je partage ton point de vue.
Un grand classique... que je n'ai toujours pas lu !
Et ta critique confirme toutes les autres : c'est du bon !
Je m'y mettrai un jour, j'attends juste le bon moment... ;)
C'est un très bon space-op. La suite m'a moins plu, la longueur comme tu dis, mais aussi le fait que paradoxalement parfois c'est mieux de laisser des questions sans réponse ^^
ta critique me donne envie de le relire...
Il faut vraiment que je lise ce classique, j’ai honte...