Les faucheurs sont les anges
est un roman post-apocalyptique orienté zombies, qui va légèrement au-delà du
simple hommage au genre. D’ailleurs les mort-vivants, quoiqu’omniprésents, ne
sont pas le sujet central.
Temple est une adolescente de
quinze ans, née après l’invasion du monde par les zombies. Les limaces ou les
sacs à viande, comme elle les appelle. C’est son monde, qu’elle arpente avec sa
machette. Pour elle, rien n’y a jamais changé. Nous la suivons dans un road
trip de survie rythmé par ses rencontres. Cet attardé mental qu’elle prendra
sous son aile, comme pour réparer la mort de ce petit garçon qu’elle
accompagnait. Ou Moïse Todd, montagne de muscles à la personnalité ambiguë, qui
la poursuivra pour la tuer - à contrecœur - à travers les Etats-Unis. Familles
ou chasseurs isolés, communautés étranges qui tentent de reformer une
civilisation. L’univers et les situations sont codifiées par le genre mais bien
décrits. On ne peut s’empêcher de songer, par exemple, à la série Walking Dead.
Et il y a ce camp de mutants dégénérés qui rappelle fortement le cinéma d’horreur
façon La colline a des yeux.
Dès lors que l’on accepte qu’il
s’agit d’un hommage et non d’un ramassis de clichés, le livre et son ambiance
poisseuse s’apprécient pleinement. Et ce duel traînant entre Temple et Moïse,
cette idée d’inéluctable - de destin ? - qui suinte tout au long du texte,
cette manière dont Temple finit par avoir peur d’elle même, de ce qu’elle
devient, tout cela ajoute à la tension de l’ouvrage, qui évite l’écueil du
simple divertissement gore. Il faudra cependant pardonner quelques incohérences,
rares heureusement. Plus de vingt ans après l’apocalypse, on trouve encore des
ascenseurs qui fonctionnent et de l’eau courante dans la boutique abandonnée d’un
coiffeur, les routes semblent très praticables... Bref tout n’est pas
complètement crédible.
L’écriture est excessivement
simple, les phrases courtes. La forme est aussi aride et brutale que l’est
devenue l’univers. Les quelques tentatives de métaphores semblent un peu
forcées, c’est davantage dans la concision qu’Alden Bell tire la puissance de
son roman.
L’auteur nous offre un roman
court, linéaire, très visuel. Un roman avec des zombies et un peu plus. Un
livre qu’on referme avec le sentiment d’avoir vu un bon film.
Categories:
2012,
Bit-lit,
Post-apocalyptique,
Science-Fiction
D'accord avec toi.
En poche en plus, je note, merci. ;)
Encore une belle critique, il faudra bien que je le lise un jour ! :)