Autres livres de Glen Duncan : Le dernier loup-garou, Rites de Sang
Paru en France en 2014
Talulla est la suite du dernier
loup-garou, roman à succès où Glen Duncan évoquait les dernières années du
loup-garou Jake Marlowe. Avec ce deuxième opus, le récit se concentre sur un nouveau
narrateur : Tallula, compagne de Jake, qui porte ses enfants.
Talulla, jeune « garoute »
entourée de familiers, mercenaires, et même, assez vite, d’une meute d’autres
loup-garous hauts en couleurs, est traquée. Par l’OMPPO, l’organisation qui
chasse le paranormal, et par les vampires, qui cherchent dans le sang des
loup-garous un moyen de vivre au soleil. Et quand son fils nouveau-né est enlevé,
rien ne va plus. Parmi les nouveautés apparaît une secte dissidente célébrant
le soi-disant retour du plus vieux vampire au monde.
« Les différences de
surface subsistaient (...), mais vaporisées par la chaleur partagée du monstre,
assis près de nous tel un oncle pédophile en compagnie de ses nièces corrompues »
Le style et le ton sont assez
semblables au Dernier loup-garou malgré le glissement de personnage. Sexe, sang
et sense of wonder sont toujours les ingrédients de la recette, même si la
partie érotique attribuée à Talulla évoque peut-être un peu trop un fantasme
masculin. Glen Duncan évite néanmoins en partie de créer un Jake Marlowe bis.
Et cela en sacrifiant le cynisme dans lequel baignait le premier opus. Les
réflexions détachées de Jake manquent et c’est sans doute le principal reproche
que je ferais à l’ouvrage. Talulla se perd elle aussi en introspections, mais
ses inquiétudes relèvent essentiellement du pragmatisme : comment
va-t-elle s’en sortir ? Comment gérer sa maternité quand on se
transforme en bête sanguinaire à la pleine lune ? Etc. La scène de l’accouchement
est d’ailleurs particulièrement forte.
« Je gisais sur le dos,
dans une cage... boulonnée au sol d’une remorque de camion, je le sus en
quelques secondes – aux arceaux des parois et au froid parfumé à l’acier. »
Pour compenser cette diminution
des tirades ironiques, l’auteur nous sert un roman d’action effrénée, nettement
plus intense. Kidnappings à répétition, rencontres improbables, scènes de
torture où l’on retient son souffle et retournements de situation. Nous ne
sommes plus dans un livre de loup-garous, mais dans un thriller d’action - non dénué de quelques clichés - où les
monstres pourraient presque être anecdotiques. Et, il faut le reconnaître, ça
fonctionne. Le livre a beau être plus épais, on tourne les pages encore plus
vite qu’avec le premier volume.
Avec Talulla, Glen Duncan
troque les sarcasmes du Dernier loup-garou contre une aventure rythmée qui ne
cesse de rebondir, avec une rare maîtrise du suspense. La plume, toujours aussi
juste et fluide, nous transporte d’assauts sur des repaires secrets en prisons
de sous-sol, laissant à peine au lecteur le temps de respirer. On ne peut qu’être
impatient de la sortie d’un troisième roman, qui pourrait fort bien traiter d’intéressant
rapprochements entre espèces...
Remarque : dans la version
que j’ai, il y a une petite erreur d’impression. La page 242 est remplacée par
un double de la page 245. Le passage manquant, en pleine scène d’action, gêne
un peu.
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2014,
Bit-lit,
Fantastique
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