Paru en France en 2015

D’Aurélie Wellenstein, je ne connaissais que quelques fort jolies nouvelles. Je croyais ses romans trop « jeunesse » à mon goût. Son dernier né, Le Roi des Fauves, me donne tort.

L’auteur nous plonge dans une fantasy sombre bien loin des clichés tolkiennesques. Le décor se compose de forêts froides et d’une évocation ténue de la mythologie scandinave. Evitant l’écueil de s’appesantir sur les détails de son univers, Aurélie Wellenstein va se concentrer sur ses personnages et son ambiance, un peu à la manière d’une Justine Niogret, nous laissant simplement « ressentir » l’environnement.

Nous suivons Ivar, Oswald et Kaya, trois adolescents d’un village au bord de la famine. Surpris à braconner sur les terres du Jarl, les voilà condamnés à ingérer un parasite qui les transforme, peu à peu, en créatures à demi animales : des berserkirs. Hommes mammouths ou oiseaux, femmes louves, mutations partielles ou totales, les combinaisons sont infinies, et l’on y perd son humanité.

Si l’on pourra regretter que le personnage principal, Ivar, soit un peu trop parfait - brave, fort, pensant aux autres avant lui-même - on appréciera que ces qualités se révèlent souvent insuffisantes face aux dangers de cette course contre la montre à travers des paysages maudits. Le thème du contrôle de l’autre est abordé subtilement tout au long du livre, tant à travers la transformation vers l’animal que dans les relations entre les personnages.

Le style, accessible sans être simpliste, fait du Roi des Fauves une excellente porte d’entrée dans la fantasy. Les adolescents s’identifieront facilement aux jeunes héros, tandis que les adultes apprécieront l’univers glauque, à la limite du malsain. Aurélie Wellenstein a le talent d’envoûter son lecteur avec ses créatures improbables et la tension progressive du récit. Difficile d’arrêter de tourner les pages.

Le Roi des Fauves est un roman de fantasy qui risque fort de faire un carton tant il se prête aux différents publics sans pour autant y perdre sa saveur. Pas d’univers médiéval complexe et politique, mais un voyage intimiste, noir, où la magie n’est faite que de sombres menaces. Une ambiance que l’on garde à l’esprit longtemps après avoir refermé l’ouvrage.

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2 commentaires :

  1. La couverture, en tout cas, est superbe!