Paru
en France en 2020
Après
sa célèbre trilogie Carbone Modifiée, adaptée en série sous son nom anglais
Altered Carbon, après son roman Black Man dans un univers semblable, et après
une incursion inattendue en fantasy, Richard Morgan revient au thriller
cyberpunk.
Autant
le dire tout de suite, Thin Air est un pur roman de divertissement qui ne
prétend pas à la moindre profondeur. Son scénario aux rebondissements convenus
est sans conteste son point faible. Heureusement, l’ambiance est plutôt maîtrisée
et le pavé de plus de 500 pages se lit avec plaisir.
Nous
suivons Hakan Veil, mercenaire au corps amélioré par des technologies
militaires, dans une mission sur Mars. L’auteur a réussi à donner à Mars une
couleur de banlieue craignos de la Terre, une terre post-coloniale chargée de
rancœurs. On ressentira très bien ces cités en déshérence et ces habitants coincés
entre mafias, révolutionnaires au rabais et pauvreté, dont l’espoir ultime est de gagner à la loterie un
billet pour la Terre.
Sauf
que justement, un des gagnants n’a jamais pris son billet, il a disparu. Ce qui
tombe à peu près au moment où des émissaires terriens lancent un audit sur la
gestion de Mars. Hakan Veil est propulsé garde du corps de l’une des émissaires.
Bien sûr, il soupçonne rapidement que tout n’est pas aussi limpide qu’annoncé.
Notre mercenaire est un personnage « hard boiled » chargé de
testostérone au point que les scènes d’action et surtout de sexe en sont
presque risibles, évoquant parfois les polars noirs virils des années 1970. Un
biais qu’on entrevoyait déjà dans les précédents romans mais qui passe
finalement plutôt bien en l’espèce tant cela confine à la parodie. Pour peu que
l’on joue en même temps à Cyberpunk 2077, on sera à peu près sur le même
registre.
On
appréciera davantage les technologies cyberpunk évoquées, en particulier
l’intelligence artificielle intégrée au héros, qui donne lieu à de savoureux
dialogues. Le tout reste moins ambitieux que les changement de corps et l'immortalité de Carbone Modifié.
Dans
Thin Air, Richard Morgan ne s’éloigne guère de ses précédents thrillers. Ce
roman pop-corn est suffisamment bien scandé pour tenir en haleine, et à défaut
de scénario époustouflant, on aura passé un bon moment auprès d’un héros
versant davantage dans la punchline que dans la subtilité. Sans compter un
portrait réussi d’une planète Mars en désamour.
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